Dans le creux dâune lignĂ©e, un jour, il apparaĂźt,
Un ĂȘtre Ă part, que lâon ne sait aimer.
Il porte une laine dâombre et de feu,
Un sang qui brûle, un regard trop audacieux.
Il est celui qui questionne, qui dérange,
Celui qui refuse le mensonge et les louanges.
Il ne sait pas faire semblant,
Ne sait pas plier sous le poids des absents.
Lâarbre lâa conçu dans un souffle brisĂ©,
Dans un besoin ancestral de vérité.
Car sous lâĂ©corce des gĂ©nĂ©rations passĂ©es,
Dorment des douleurs jamais avouées.
Les silences de guerre, les amours assassinées,
Les vies volĂ©es, les rĂȘves piĂ©tinĂ©s,
Les enfants quâon a faits taire,
Les peurs gravées dans la chair.
Le mouton noir est lâenfant du tabou,
Celui qui ramĂšne ce que lâon cache en dessous.
Lâombre jetĂ©e par les aĂŻeux dĂ©funts,
Le cri du pĂšre, le secret de la main.
Et lâarbre lâa placĂ© lĂ , non par hasard,
Mais comme une braise, un brasier dans le noir.
Il est lâĂ©veilleur, lâĂ©claireur, le fou,
Celui qui brise, pour que lâon voie Ă nouveau.
Alors on le rejette, on le met Ă lâĂ©cart,
On murmure sur lui comme un fardeau bizarre.
"Pourquoi ne fait-il pas comme nous ?"
"Pourquoi ne suit-il pas un chemin doux ?"
Mais il nâa pas Ă©tĂ© fait pour obĂ©ir,
Ni pour reproduire sans réfléchir.
Il est là pour faire éclater la mémoire,
Pour libĂ©rer lâarbre de ses histoires.
Il renverse les faux serments,
Fait trembler les murs du temps,
Tord la branche, bouscule les ombres,
Et sous ses pas, les non-dits sâeffondrent.
Oui, il souffre, il doute, il saigne,
Mais il porte en lui la seule graine,
Celle qui fera naĂźtre un arbre plus sain,
Un futur oĂč lâon respire enfin.
Car le mouton noir nâest pas une erreur,
Il est la promesse, lâarchitecte, le cĆur.
Il est le souffle qui libÚre la lignée,
Et fait renaßtre les ùmes oubliées.
ANASTASIA GROSS đđł